Dans une
autre vie, il a été coursier à mobylette, ouvrier d’usine, puis chef d’entreprise
dans l’immobilier et Parisien pressé. Le voici, depuis six ans, respirant un
autre air, celui de Lourmarin. Ici, sous le ciel cher à Camus, les pages d’une
existence multiforme se déplient autrement, se recomposent, avec la poésie pour
fil conducteur. Car s’il est une constante chez ce gentleman-poète aux allures
un peu lunaires, c’est l’écriture. « J’y suis venu très tôt, pour
exister », dit-il. Des blessures d’enfance jamais refermées, une
sensibilité à fleur de peau, puis la brutalité du monde du travail, l’argent,
le pouvoir… « Le kaléidoscope de mes métiers m’amène à porter un
regard un peu différent sur les choses. Ma position en toutes circonstances,
c’est une certaine mise à distance », dit-il. Un titre dans le journal,
une circonstance de la vie quotidienne font jaillir des juxtapositions de
mots, qu’il note sur des bouts de papier. «De temps en temps, je jette tout, je
garde quelques phrases. » Cette matière première, il la retravaille sur le
mode éruptif quand il entre « en état d’écrire ». Elégance,
discrétion, cruauté. Les mots jaillissent, nets, simples, avec leur poids de
quotidien. L’auteur les rassemble en petites formes dont il pense également la
typographie, les alinéas, les blancs. En exergue de son dernier opus
« Voici venir l’orage », une citation de Nietzsche est donnée comme
une clé: « La profondeur se cache à la surface des choses ».
Carina Istre
« Papillon
du matin », Ed. Opéra. « Parfois je vous quitte », Ed. Elzévir.
« Voici venir l’orage », Ed. Elzévir.
Paru dans Prosper, le
Magazine culturel, Vaucluse, Avignon, Drôme provençale, Alpilles. N° 26,
juillet, août, septembre 2011.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire